Technicien ou professionnel?

«  le ministre Fournier a fait valoir que l’absence de manuels adaptés à la réforme du primaire entre 2000 et 2002 pouvait expliquer une part du déclin des élèves à un test international. » Source : Cyberpresse .

Leçon à ne pas oublier : sans manuel, point de réussite. Wow! Si cela était aussi simple… Venant d’un ministre, une telle analyse me désole. Ce qui est attristant, c’est que cette prise de position montre une vision des enseignants en tant que simples techniciens.

«Le rapport sur le déclin des élèves québécois à l’examen international TEIMS est daté du 14 décembre 2004. «C’est un rapport qui date d’il y a déjà un an», a dit hier Jean-Marc Fournier, le ministre de l’Éducation. Seul problème: pratiquement personne ne savait qu’il était sur le site Internet du ministère de l’Éducation. Aucune annonce n’a été faite à ce sujet. Le rapport ne figure même pas au menu des «Nouveautés» du site Internet pour décembre 2004.»

Un ordinateur en échange de 3 canettes vides par jour

Ce qui m’a émerveillé par-dessus tout concernant le projet d’ordinateurs portatifs du MIT, outre le prix, est l’incroyable qualité du design des appareils. Mon propos dans ce billet ne se situe cependant pas à cet égard. Voici mon grain de sel.

Sur la page d’accueil du projet, on retrouve la mention «The laptops will only be distributed to schools directly through large government initiatives». Soit, mais je n’ai rien vu qui semble ensuite empêcher les gouvernements de se retourner et de revendre lesdits appareils achetés. Ce faisant, livrons-nous ici à un petit exercice de réflexion comptable… juste pour voir ce que cela donnerait.

Selon les taux de change d’aujourd’hui, 100 USD correspond à un montant d’environ 120,55 $ CAN. Même si l’achat se fait via le ministère de l’éducation, nous allons supposer que les éternelles taxes de vente nous seraient tout de même facturées. Avec cette approche, cela veut dire que le gouvernement empocherait alors un montant de 18 $ par ordinateur vendu afin de gérer l’ensemble du programme d’achat et de distribution (la taxe fédérale étant ici retournée aux provinces pour le bien de l’éducation 😉 ). Nous obtenons donc un montant arrondi de 140 $/ordinateur pour l’acheteur que nous sommes.

D’accord, mais ce n’est pas tout. Poussons un peu plus la réflexion. À un prix d’achat de 140 $ (taxes incluses), cela veut dire que si on utilise l’ordinateur pour une période de 3 ans (ce qui me semble parfaitement raisonnable), le coût de revient par jour est de moins de 15 sous. Vu comme cela, le prix est ridicule pour tous compte tenu de la puissance de l’outil. Pensez-y. Considérant qu’une canette de boisson gazeuse consignée vaut 5 sous, c’est donc la valeur de consigne de 3 canettes de boisson gazeuse. Même pour les gens très pauvres dans notre société, cela me semble pleinement accessible.

Suivi : CRCIE et la réforme de l’école québécoise au primaire

Bonne nouvelle. J’ai reçu hier une réponse de la part de madame Denise Lauzon concernant ma question #1.

*** Début de la réponse reçue ***

Bonjour M. Moisan,

Après la rencontre du 27 mai, vous pourrez consulter, sur le site web du CRIE, un document comprenant les transparents utilisés pour la présentation des résultats de recherche lors de l’activité du 27 mai 2005. Sur le site, vous pourrez également trouver une liste des publications en voie de parution portant sur cette recherche.

Cordialement,

Denise Lauzon secrétaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative
Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative et Centre de recherche CRIE-CRIFPE
Faculté d’éducation
Université de Sherbrooke
2500, boul. de l’Université
Sherbrooke (Québec) J1K 2R1
Téléphone: (819) 821-8000 poste 1339
Télécopieur: (819) 829-5343

La CRCIE et la réforme de l’école québécoise au primaire

Voici un message reçu le 19 avril dernier (ok, je suis un peu en retard) sur la liste plan-ecole concernant la présentation des résultats d’une recherche sur la mise en œuvre du nouveau curriculum de l’enseignement primaire. Mes questions sont les suivantes :

  1. Est-ce que le «dossier qui sera remis aux participantes et participants» sera aussi disponible sur le web pour ceux et celles qui ne pourront y assister? (Je viens d’ailleurs d’envoyer un courriel à ce propos à madame Lauzon).
  2. Est-ce qu’une personne lisant ce carnet prévoit y être?
  3. Si oui à la question 2, pourriez-vous svp nous faire un petit retour sur l’essence de ce qui aura été dit lors de cette journée?

Voilà 🙂

*** Début du message reçu ***

Cette invitation s’adresse à tous les intervenantes et intervenants qui œuvrent dans le milieu scolaire et qui sont intéressés par la question de la mise en œuvre du nouveau curriculum de l’enseignement primaire.


La Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative (CRCIE) et le Centre de recherche sur l’intervention éducative (CRIE-CRIFPE) vous invitent à une journée de présentation et d’échanges qu’ils organisent le vendredi 27 mai 2005 sur les résultats d’une recherche sur la mise en œuvre par les enseignantes et les enseignants du nouveau curriculum de l’enseignement primaire.


Cette journée (27 mai 2005) sera réservée à la présentation des résultats d’une recherche intitulée Rapports entre curriculum et intervention éducative dans l’enseignement primaire.


a) Identifier les représentations des enseignants du primaire à l’égard du nouveau curriculum d’ensei gnement et de quatre de ses dimensions en particulier: l’interdisciplinarité, la transversalité, l’approche par compé tences et l’éducation à la citoyenneté.

b) Dégager l’impact de ces représentations sur leurs pratiques en classe.


Pour s’inscrire :
Madame Denise Lauzon, secrétaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative.


Téléphone: 1/(819) 821-8000, poste 1339
Télécopieur: 1/(819) 829-5343
Courriel: Denise.Lauzon@USherbrooke.ca


Afin de défrayer le coût du dossier qui sera remis aux participantes et participants, ainsi que celui des rafraîchissements et d’une collation durant les deux pauses de la journée, un montant de 10 $ vous sera demandé lors de votre arrivée le 27 mai 2005. Un reçu vous sera délivré.

Réplique savoureuse

En réponse au trop souvent entendu et «fameux» :

« Those who can, do, and those who can’t, teach. »
Ceux qui le peuvent, font, et ceux qui ne le peuvent pas enseignent (traduction libre),

François nous propose de lire une anecdote. La fin est savoureuse :

« Those who can teach. Those who can’t find something less meaningful to do. »
Ceux qui le peuvent enseignent. Ceux qui ne le peuvent pas trouvent quelque chose de moins significatif à faire (traduction libre).

Ok, c’est un peu provocateur mais, au nombre de fois où l’on m’a récité le « Ceux qui le peuvent, font, et ceux qui ne le peuvent pas enseignent », je ne pouvais passer cette anecdote (véridique ou non, peu importe) sous silence. Certaines personnes ne comprennent pas que l’on puisse vouloir devenir enseignant par choix. Oui, oui, PAR CHOIX. Personnellement, j’ai dû choisir entre médecine, droit ou éducation. Vous comprendrez que l’argent n’était pas mon critère de sélection. Non, non, je ne suis pas fou. Je suis parfaitement sain d’esprit. Du moins, je crois 😉

Rapport MILLE/GRICS

J’ai appris aujourd’hui, sur la liste de plan-ecole, que l’étude comparative du HEC entre le Bureau virtuel proposé par le projet MILLE (solution libre) et Édugroupe proposé par la GRICS (solution propriétaire) venait d’être rendu publique. Elle peut être téléchargée ici. Il semble toutefois que je sois un peu en retard sur la nouvelle (1, 2, 3). Cela vient donc répondre à la question que j’avais lancée dans un précédent billet sur le sujet. Toutefois, comme on le mentionne sur Libre cours : ce n’est surtout pas qu’une question de coûts et je suis à 100% d’accord avec Pierre Lachance qui ajoute «Plus forte que jamais est ma conviction que le milieu de l’éducation doit prendre position en faveur du logiciel libre. Et non ce n’est pas parce que c’est gratuit!»

Bilan du MEQ sur la réforme au secondaire

J’ouvre Firefox et je vais faire un petit tour sur Cyberpresse, histoire de savoir ce qu’il se passe de bon. Je tombe sur :

Réforme du secondaire. Le bilan que le MEQ ne voulait pas dévoiler est assez négatif (Cyberpresse)

Je commence la lecture… Ouin… Puis, je tombe sur ce passage :

Heureusement, les professeurs ont aussi signalé que la réforme avait des effets bénéfiques sur la motivation, l’engagement des élèves dans leur apprentissage et leur capacité d’utiliser leurs connaissances. Dans l’ensemble, ils estiment que le nouveau programme a davantage d’effets bénéfiques sur les jeunes que les anciennes façons de faire.

Good ! Dans le fond, n’est-ce pas ça l’important? Il ne faudrait pas croire non plus que tout va changer comme par miracle du jour au lendemain. Il faut être un peu réaliste. Je continue la lecture…

La FSE, qui regroupe 80 000 professeurs, demande le report de l’implantation obligatoire de la réforme, prévu pour septembre prochain.

Bon, bon, bon. Je suis entièrement d’accord avec la position de Clément sur ce point : «Qu’on me démontre qu’on sera mieux équipé pour faire face à la réforme dans un an et je serai réceptif à l’idée. Qu’on m’explique ce qu’on aura fait pendant cette « pause ».»

Ne pas perdre de vue l’essentiel

J’adore cette idée. Elle n’est pas nouvelle et revient périodiquement à la surface. J’ai bien hâte de voir si, un jour de mon vivant, de telles mesures sociales seront mises en place. Malheureusement, j’en doute… Au mieux, cela restera une initiative locale et ponctuelle.

Cela me remémore une conversation que j’ai eu avec un enseignant lors de ma participation au Colloque EM 2000 à Grenoble sur «L’enseignement des mathématiques, dans les pays francophones, au XXè siècle, et ses perspectives pour le début du XXIè siècle». Lors de cette conversation, nous avons comparé certains contextes de son pays avec ceux du Canada et vice-versa. Malheureusement, je ne me souviens plus du nom de son pays (zut, je déteste avoir des trous de mémoire de ce genre…), mais il m’expliquait qu’il n’était pas naturel pour lui de concevoir qu’un directeur d’école n’enseigne plus (comme c’est le cas dans notre système d’éducation). Chez-lui, le directeur devait au moins conserver une petite partie de sa tâche d’enseignement en parallèle à ses fonctions «pour ne pas oublier le travail des enseignants».

Dans un ordre d’idée un peu différent, j’ai fait un second «apprentissage» lors de cette même soirée. Une autre personne me faisait remarquer que lors de notre groupe de travail, nous avions souvent soulevé la question de la place des technologies à l’école et discuté de ratio ordinateur/élèves. Avec un grand sourire, il m’a dit : «Alors que vous comptez le nombre d’ordinateurs, nous nous demandons si nous aurons suffisamment de craie…». Pour remettre les choses en perspective, il n’y a pas mieux. Ce dernier provenait du Burkina Faso.

Inutile de vous dire que j’ai adoré cette soirée riche en échanges de toutes sortes. L’important, c’est de ne pas perdre de vue l’essentiel 😉

L’union fait la force

Fournier rejette la proposition des étudiants.

J’ai hésité un peu avant d’écrire sur ce sujet, car mon opinion est plus articulé que la remarque que je vais faire ci-dessous. Mais bon, faute d’avoir le temps d’écrire un texte argumentatif, je me mouille tout de même. Et vous qu’en pensez-vous?

«Il ne s’agit pas d’une véritable proposition puisqu’ils demandent encore la même chose qu’hier et avant-hier, soit 103 millions $», a estimé le ministre. […] «J’attends que les étudiants fassent un bout de chemin, a-t-il répété. C’est à eux de le faire. Comme dans toute situation comme celle-là, on ne peut pas simplement dire: Moi, je reste campé sur mes positions. C’est du jusqu’au-boutisme. Il faut à un moment donné que les étudiants fassent aussi un bout de chemin.» (Cyberpresse)

Désolé monsieur le ministre, mais conserver le cap sur un objectif (le retour des 103 millions en bourses) n’est pas ce que l’on peut appeler «pas une véritable proposition». Est-ce donc à dire que vous n’allez accepter qu’une diminution de leur revendication alors que vous, vous leur avez enlevé le tout sans même crier garde? C’est à force de détermination que les grandes causes ont cheminé. Certains disent que les jeunes ne veulent que des «petites vacances» et qu’ils «ne militent pas pour une cause aussi grande que dans notre temps». Désolé, mais je ne suis pas d’accord avec ces deux points de vue. N’en déplaisse à certains, l’éducation pour tous est une grande cause. Nos jeunes se forment en ce moment à devenir des citoyens actifs et avertis. C’est cela une démocratie. Ils en sortiront des citoyens grandis et ils ne percevront plus jamais l’éducation sous le même regard.